Les petits garçons et les ados ont eu le temps de se familiariser avec leur pénis. Ils l’ont caressé, tripoté, observé, mesuré sous toutes ses coutures et même mis au défi pour savoir qui pisserait ou éjaculerait le plus loin. Malgré cette connivence apparente et cet apprivoisement progressif, beaucoup d’hommes ont conservé un "blanc" face à leur sexe et à leur fonctionnement. Ce qui les soumet à de rudes questionnements sur leur virilité, leur intimité et leur paternité : « Mon pénis est-il normal ? », « Suis-je à la hauteur ? », « Simule-t-elle le plaisir lorsqu’on fait l’amour ? », « Suis-je vraiment le père de cet enfant ? », etc. Au fond, ils ne jurent de rien, ne sont sûrs ni d’eux-mêmes, ni de leur partenaire, ni de la filiation avec leurs enfants.
Dans ces questionnements physiques et métaphysiques, les testicules ne sont pas en reste, ils symbolisent à eux seuls la puissance sexuelle et la virilité. Une expression en dit long sur la question : « Montre que tu as des couilles ! » (il ne viendrait à l’esprit de personne de dire : « Montre que tu as une vulve ! »). Alors, quand le doute s’installe sur le phallus ou ses à-côtés, il déteint sur la personne toute entière. Et ce n’est pas un hasard si, dans le dictionnaire, "viril" signifie au figuré courageux, énergique, noble, fort, ferme, vigoureux… Alors moins viril ou plus du tout viril, cela sème carrément la panique !
par Sylvain Mimoun, gynécologue, andrologue et psychosomaticien