Le citrate de sildénafil (Viagra, Pfizer) joue peut-être un rôle en tant que thérapie préventive de la dysfonction érectile que connaissent certains hommes traités par radiothérapie pour des cancers de la prostate cliniquement localisés.
Dans une étude prospective sur de tels patients, le sildénafil prophylactique était au bout de 2 ans associé à une fonction érectile significativement meilleure que le placebo.
L’absence totale d’érection après un traitement de radiothérapie se présente chez 30% à 60% des hommes atteints de cancer de la prostate, déclare l’auteur principal Dr. Michael J. Zelefsky qui s’est exprimé durant une conférence de presse ici lors du 54ème Meeting Annuel de la Société Américaine des Radiothérapeutes (ASTRO, American Society for Radiation Oncology). Il fait partie du Memorial Sloan-Kettering Cancer Center à New York.
Dans la pratique clinique actuelle, le sildénafil (un inhibiteur de la phosphodiestérase de type 5) et les autres médicaments contre la dysfonction érectile aident les hommes à recouvrer leurs facultés dans 60% à 70% des cas où la dysfonction érectile est liée à la radiothérapie. Mais le traitement est généralement administré après que le problème se soit installé, explique-t-il.
Dans cette étude contrôlée par placebo, la première du genre, le sildénafil a été administré avant, pendant et après la radiothérapie. Une pilule quotidienne a été prise pendant 6 mois. Les hommes (qui n’étaient pas informés de leur traitement), pouvaient également demander du sildénafil à tout moment (sur demande uniquement). Tous les hommes participant avaient à la base un excellent fonctionnement sexuel, a rapporté Dr. Zelefsky.
Parmi les 144 patients, l’évaluation du fonctionnement érectile globalement déclaré (mesuré selon l’Index International de la Fonction Érectile [IIEF]) était significativement plus élevée dans le groupe prenant du sildénafil que dans le groupe placebo au bout de 6 mois (58,6 contre 49,4; P = 0,006), 12 mois (56,3 contre 48,2; P = 0,02), et 24 mois (54,9 contre 47,6; P = 0,04) après la thérapie.
Pour être intégrés à cette étude, les hommes devaient avoir un score de fonctionnement érectile IIEF de base d’au moins 17.
Les chercheurs ont décidé d’utiliser le sildénafil de façon préventive en raison des nouvelles informations
apportées par d’autres études et suggérant que le médicament pouvait être intéressant du point de vue de la rééducation pénienne,
déclare Dr. Zelefsky. Le sildénafil pourrait prévenir l’impuissance
et pourrait protéger le système vasculaire,
déclare-t-il.
Les résultats sont importants,
affirme Dr. Benjamin Movsas de l’Hôpital Henry Ford à Détroit au Michigan qui a guidé la conférence de presse, car il s’agit d’une question clé concernant la qualité de vie.
Cependant Dr. Movsas a hésité à avaliser l’approche. Nous devons tout d’abord prendre connaissance des données publiées et nous déciderons à partir de ce moment,
déclare-t-il au Medscape Medical News.
Toutefois, Dr. Movsas est attiré par l’idée d’utiliser le sildénafil de façon préventive. Il existe des inconvénients liés à l’attente,
déclare-t-il au sujet de la stratégie visant à prescrire le traitement après que la condition se soit installée.
Dr. Zelefsky suggère que des recherches plus approfondies soient réalisées sur l’approche à adopter. Les améliorations les plus frappantes ont été vues au bout de 6 à 12 mois de traitement, avec une légère baisse à 24 mois, laissant penser que des essais futurs devront être conduits pour mettre en évidence si un traitement à long terme peut effectivement améliorer la condition du patient,
dit-il dans un communiqué de presse.
L’ouragan Sandy Perturbe la Session Plénière
Dans cette étude, 290 patients atteints de cancers de la prostate cliniquement localisés ont été traités par radiothérapie externe et/ou curiethérapie interstitielle par implants permanents. On leur a donné aléatoirement (dans un ratio de 2:1) du sildénafil 50 mg/jour ou le placebo.
Toutefois seulement 144 hommes ont été inclus dans les résultats finaux de l’analyse. Ces hommes furent ceux ayant complété de questionnaire sur leur fonctionnement érectile avant la thérapie et à au moins une autre reprise, et n’ayant à aucun moment entrepris un traitement antiandrogénique.
Le protocole de l’étude prévoyait initialement que la radiothérapie seule soit comparée à la prophylaxie et à la demande de sildénafil avant, pendant et après la radiothérapie en présence ou en absence de traitement antiandrogénique ou d’hormonothérapie. Au cours de la conférence de presse, le Dr. Zelefsky n’a pas précisé pourquoi les résultats finaux n’incluaient pas les patients ayant entrepris un traitement antiandrogénique
L’objectif premier de l’étude était de déterminer si le sildénafil prophylactique permettait de préserver la fonction érectile.
Un compte-rendu plus détaillé des résultats de l’étude sera rendu publique lorsque la session plénière de la conférence sera mise en ligne. De façon inattendue, ASTRO a dû annuler la session plénière en raison de l’ouragan Sandy. Toutefois l’organisation enregistrait cet après-midi les orateurs juste avant que les services de transport ne soient interrompus à Boston. Au moment de la rédaction de cet article, les sessions enregistrées n’avaient pas encore été postées en ligne.
Les objectifs secondaires de cette étude cherchaient à déterminer si le sildénafil prophylactique pris au cours de la thérapie permettait de réduire la sévérité et la persistance des troubles urinaires liés à la radiothérapie; à déterminer l’impact de la dosimétrie et de l’exposition aux rayons sur le faisceau neurovasculaire du pénis en ce qui concerne la préservation de la fonction érectile suite à une curiethérapie ou hormonothérapie; à déterminer l’impact du sildénafil prophylactique sur la qualité de vie; et à déterminer la relation entre les niveaux de testostérone, la fonction érectile et le sildénafil prophylactique.