La capacité de secours aux personnes isolées et fragiles vivant à domicile
est le point le plus délicat, a estimé hier William Dab, directeur général de la santé, lors de la conférence de presse. Mais qui sont les personnes isolées les plus à risque ? Hier, Gilles Brücker, directeur de l'Institut de veille sanitaire (InVS), a présenté les résultats préliminaires d'une étude non encore publiée montrant que les personnes âgées alitées, celles vivant dans un logement exposé à la chaleur, ou encore ayant rompu tout lien social, étaient tout particulièrement vulnérables. Ce travail devrait permettre de mieux cibler l'orientation de l'aide et contribuer à organiser les réseaux de solidarité, au niveau des familles, du voisinage ou encore des municipalités.
Cette enquête a comparé 200 personnes âgées décédées à domicile ou en institution pendant la canicule d'août 2013 à 200 témoins de même âge ayant survécu à cette catastrophe météorologique. Les premiers éléments statistiques qui demandent à être peaufinés mettent en évidence le fait que le confinement au lit ou au fauteuil pendant la canicule a multiplié par 7,5 le risque de décès. De même, les difficultés à se lever augmenteraient ce risque d'un facteur trois. La chaleur affecte l'évolution d'un certain nombre de maladies. Ainsi, le fait de souffrir d'une maladie cardio-vasculaire multiplie le risque par 3, d'un trouble psychiatrique par 6 et d'une maladie de Parkinson par 9. Le cancer et l'obésité représentent aussi deux facteurs de risque non négligeables. Il faut noter que 20% des personnes décédées étudiées ici prenaient plus de dix médicaments par jour.
Par ailleurs, un autre élément primordial ressort de cette analyse : le fait de vivre sous les toits multiplie par 4 le risque de décès, alors qu'habiter dans des îlots de verdure semble avoir été un facteur protecteur. Enfin, globalement, il est apparu que la rupture des liens sociaux pour les personnes âgées est un paramètre augmentant de manière majeure le risque de décès pendant la canicule.