L’étude CONCORD-2, publiée en ligne le 26 novembre dans The Lancet analyse les informations de plus de 25 millions de patients atteints de cancer dans 67 pays. Elle met en évidence des différences marquantes du taux de survie au cancer qui transcendent les notions traditionnelles de pays développés ou en voie de développement ainsi que les différences régionales.
Lors d’un entretien avec Dr. Michel Coleman, professeur d’épidémiologie et de statistiques vitales à l’École d’Hygiène et de Médecine Tropicale de Londres au Royaume-Uni, ce dernier déclare: La survie au cancer varie beaucoup entre les pays et souvent au sein d’un même pays, que ce soit géographiquement ou selon les groupes de la société tels que les groupes ethniques ou selon les origines.
En prenant comme référence la première étude CONCORD ne prenant en considération que 2 millions de patients, il déclare: Il y a 6 ans nous avons publié une étude globale sur le taux de survie au cancer pour des patients diagnostiqués entre 1990 et 1994 dans 31 pays et pour quatre types de cancers. Cela avait mis en évidence d’importantes variations du taux de survie et avait confirmé les variations raciales de la survie aux USA.
Au cours des années suivantes, un certain nombre d’initiatives internationales incluant la Journée Mondiale contre le Cancer en 2013 ont insisté sur la nécessité d’intensifier la recherche sur le cancer et de comprendre les variations sur l’incidence et le taux de survie au cancer.
Nous avons réalisé qu’une étude globale sur les tendances liées à la survie au cancer était nécessaire et nous cherchons à établir une surveillance globale à long terme du taux de survie afin de fournir une information de base de qualité pour le développement national de la lutte contre le cancer ainsi que pour une politique globale sur le cancer,
déclare Dr. Coleman.
En ce qui concerne l’étude CONCORD-2, les chercheurs ont collecté des données sur 279 registres de cancer de la population de 67 pays. Les données portaient sur 25,7 millions d’adultes âgés de 15 à 99 ans et sur 75 000 enfants âgés de 0 à 14 ans ayant été diagnostiqués pour un cancer entre 1995 et 2009 et qui ont été suivis jusqu’à la fin de l’année 2009 ou après.
L’étude s’est concentrée sur 10 types de cancers – cancer de l’estomac, du côlon, du rectum, du foie, des poumons, du sein (chez la femme), de col de l’utérus, des ovaires et de la prostate chez les adultes, ainsi que la leucémie chez les adultes et les enfants. Quarante pays ont fourni des données nationales couvrant 100% de leur population. Pour les 27 pays restants, les données couvraient 1% de la population en Inde à 91% en Australie.
Comme prévu, des taux de survie au cancer très différents ont été observés entre les pays développés et les pays en voie de développement, mais également entre les pays développés. Des améliorations du taux de survie au cancer ont été observées pur un certain nombre de pays et de régions.
Par exemple, le taux de survie sur 5 ans pour des cancers du côlon, du rectum et du sein diagnostiqués entre 2005 et 2009 ont augmenté dans la plupart des pays, le taux de survie pour des cancers du côlon et du rectum atteignant 60% ou plus dans 22 pays et le taux de survie pour des cancers du sein atteignant au moins 85% dans 17 pays.
Le taux de survie le plus bas pour ces trois types de cancers a été de loin relevé pour la Mongolie. En Europe, la Russie est le pays qui présente le taux de survie le plus faible pour ces trois types de cancer, tandis que l’Islande présente le taux de survie le plus élevé pour les cancers du côlon et du rectum (respectivement 65% et 77%) et la France et la Finlande présentent les taux de survie pour le cancer du sein les plus élevés avec 87%.