« ClarinsMen : des produits de soins spécifiquement conçus pour la peau des hommes » Bulletin d'Esthétique Dermatologique et de Cosmétologie en collaboration avec le groupe Clarins, Dr D. Caro « BulletinPeau masculine : une réponse dermocosmétique adaptée à des besoins spécifiques » d'Esthétique Dermatologique et de Cosmétologie.
À l'aube du troisième millénaire, les mentalités changent. Le mythe de l'homme fort, musclé, quelque peu " rugueux " s'estompe, laissant place à une personnalité plus sensible. L'homme découvre le plaisir de prendre soin de sa peau et de son corps ; il n'hésite pas pour cela à recourir à des produits cosmétiques.
Simultanément les cosmétologues ont eux aussi progressé. La connaissance des mécanismes physiologiques cutanés s'est spectaculairement élargie. L'influence de la génétique, des hormones, des facteurs environnementaux est à présent mieux cernée. Dans ce contexte, la peau de l'homme a fait l'objet de nombreux travaux sur lesquels la recherche s'est appuyée pour élaborer une réponse adaptée aux caractéristiques cutanées masculines : une activité cellulaire et biologique intense, des mécanismes de réparation mis à l' épreuve par un rasage quotidien.
La peau des hommes physiologiquement différente
Depuis quelques décennies, l'étude de la peau normale a largement retenu l'attention des scientifiques. Si la femme a bénéficié en priorité de ces nouvelles connaissances, l'homme n'est plus en reste. Différents travaux se sont d'ailleurs attachés à identifier les caractéristiques cutanées liées au sexe. Celles-ci sont nombreuses, principalement dues à l'influence hormonale.
Le taux de testostérone libre est dix fois plus élevé chez l'homme que chez la femme, et la réceptivité cutanée aux androgènes est bien plus importante. La forte imprégnation androgénique explique l'ensemble des caractéristiques de la peau masculine. La 5-alpha réductase, indispensable à la transformation de la testostérone en dihydrotestostérone (DHT-active) est généti-quement surexprimée chez l'homme, aussi bien dans la peau que dans les phanères. Cette forte imprégnation androgénique a de multiples répercussions physiologiques.
Une peau plus épaisse
Première conséquence de cette forte imprégnation androgénique, la peau de l'homme est plus épaisse que celle de la femme (+ 16 % en moyenne) et donc, naturellement, plus résistante. Dans les deux sexes, l'épaisseur épidermique dimi-nue avec l'âge ; chez l'homme, elle est de 63,2 micromètres entre 20 et 30 ans et de 34,4 micromètres entre 70 et 80 ans ; chez la femme, elle est de 49,15 micromètres entre 20 et 30 ans et 33,15 micromètres entre 70 et 80 ans.
L'épiderme comporte davantage de strates cellulaires et les cellules sont plus nombreuses. Elles sont aussi plus actives comme le souligne la plus forte consommation en oxygène lors des mesures de la tcPO2. Au niveau de la jonction dermo-épidermique, des travaux récents concluent que la lamina densa est plus épaisse chez l'homme, mais ne trouvent pas de différence au niveau de la lamina lucida.
Les études histologiques du derme le retrouvent significativement plus épais chez l'homme avec un collagène plus abondant que chez la femme et cela quelque soit l'âge. Des mesures morphologiques effectuées par vidéocapillaroscopie ont montré un nombre plus important de capillaires au niveau de la peau masculine avec un espace intercapillaire plus faible. Les flux sanguins y sont également supérieurs, notamment au niveau des pommettes. Les données échographiques les plus récentes le montrent plus échogène.
Des lipides de surface plus abondants
Les sécrétions cutanées (sébacée et sudoripare) varient également en fonction du sexe.
L'homme est en effet connu pour avoir une peau plus grasse que celle de la femme. Cela s'explique par la présence de glandes sébacées plus volumineuses et plus nombreuses, notamment au niveau du visage, du cuir chevelu et des organes génitaux. La sécrétion sébacée est hormono-dépendante - en particulier sous le contrôle de la DHT. La production de sébum est donc plus importante chez l'homme ; les lipides cutanés de surface (sous forme d'un film hydrolipidique) sont plus abondants mais la présence de poils qui implique quotidiennement une gestuelle de rasage agressive est source de déséquilibre et d'irritations. Par ailleurs, les glandes sudoripares sont plus nombreuses chez la femme, mais l'intensité de la transpiration est plus forte chez l'homme (surtout entre 15 et 50 ans). La composition de la sueur varie en fonction du sexe et sa richesse en acide lactique rend la peau de l'homme plus acide que celle de la femme. Le pH de la sueur est plus bas chez l'homme (4,5 – 5,5) que chez la femme (5,8 – 6,5). Concernant les propriétés biomécaniques cutanées, certaines différences ont aussi été notées : la peau de l'homme est plus hydratée, mais témoigne d'une perte insensible en eau plus grande ; elle est plus élastique.
Une peau plus résistante mais davantage agressée
L'ensemble de ces observations explique des modes de vieillissement cutané différents. Un film hydrolipidique plus riche en lipides (d'origine sébacée), une peau plus épaisse, une amplitude de relief microdépressionnaire plus élevée, un meilleur état d'hydratation, une imprégnation hormonale plus durable au cours de la vie, permettent un vieillissement intrinsèque retardé par rapport à la femme.
Toutefois, ce bénéfice offert par la nature est en partie perdu en raison d'un comportement peu préventif : soleil, tabac, rasage, utilisation de produits d'hygiène inadaptés ou agressifs, etc. Les rides sont plus tardives, mais plus profondes et plus marquées au niveau des parties découvertes non protégées de l'exposition UV. La présence de télangiectasies, de taches pigmentaires, de kératoses actiniques est fréquente. Par ailleurs, l'acné est plus développée chez le garçon que chez la fille. De même, la couperose est plus accentuée chez l'homme.
Enfin, la peau masculine rencontre des problèmes qui lui sont spécifiques : inflammation des follicules pileux (pseudofolliculite) avec le développement de papulopustulettes à l'émergence des poils (pili incarnati), induites par le rituel de rasage ; sycosis de la barbe qui est une folliculite infectée (staphylocoque, streptocoque ou Trichophytum rubrum) ; papillomes de la barbe qui sont de petites lésions virales plus fréquentes chez les immunodéprimés.
Le rasage, qu'il soit mécanique ou électrique, constitue donc quotidiennement une agression pour la peau. Il déséquilibre la surface cutanée en arasant le film hydrolipidique et les cellules les plus superficielles de l'épiderme. Il constitue un terrain propice au développement des bactéries et provoque un afflux sanguin sous épidermique, base potentielle pour l'inflammation. Après cette épreuve, la peau a sans aucun doute besoin d'apaisement et de douceur !
Une peau plus irriguée
L'hyperactivité cutanée de l'homme est associée à un flux circulatoire plus important : la peau est beaucoup plus irriguée, le réseau microcirculatoire est plus dense, le flux sanguin plus abondant. Ainsi, l'homme a-t-il une plus grande tendance aux rougeurs cutanées et aux poches sous les yeux.
Une peau plus grasse et fragilisée
L'ensemble de ces caractéristiques a diverses conséquences évidentes. Plus grasse, la peau de l'homme est plus sujette aux pores dilatés, aux comédons et aux petits boutons. En plus des autres agressions quotidiennes (after-shave fortement alcoolisés, pollution, soleil, climatisation...), le rasage constitue la principale agression de la peau de l'homme à laquelle elle fait perdre ses avantages en termes de résistance naturelle par rapport à la femme.
Il est responsable d'irritations et de dessèchement cutanés avec altération ou disparition du film hydrolipidique protecteur. Cela a pour conséquence un inconfort avec une sensation de tiraillement et de brûlure, associée à une rougeur ; ces signes sont majorés par l'utilisation de produits agressifs fortement alcoolisés et parfumés. La peau se déshydrate, tiraille et devient inconfortable.
Des produits de rasage qui protègent et réparent
De nombreuses formules sans savon sont aujourd'hui pro-posées ; auxquelles on ajoute des actifs apaisants et anti-inflammatoires comme l'aloe vera, le pourpier, l'allantoïne, la glycyrrhizine, l'alpha-bisabolol... Des huiles de rasage, facilitant la glisse de la lame, pratiques à utiliser et à transporter sont également proposées.
Les produits après-rasage visent à réparer l'agression cutanée engendrée par le passage du rasoir. Ils doivent reconstituer le film protecteur hydrolipidique et soulager l'inflammation. Pour cela, ils renferment le même type d'actifs que les produits de rasage : hydratants, antiinflammatoires, antibactériens... On y trouve fréquemment de la glycérine, de l'acide hyaluronique, des acides gras essentiels, des polyols et des extraits de plantes (huile de carthame, calendula, galanda...). On choisit des textures légères – gel ou crème lipophile / hydrophile – et des formules sans alcool ou faiblement alcoolisées.
Pour l'hygiène, des gels « 2 en 1 »
Les soins spécifiques – peau grasse, anti-âge, protecteurs solaires – comportent les mêmes sortes d'actifs que leur homologues féminins ; seules, les concentrations, les textures et les présentations diffèrent.
Quant aux produits d'hygiène masculins, ils se sont largement développés ces dernières années, les gels moussants ayant fait une percée remarquable.
Pour le visage, le choix porte souvent sur des gels sans savon respectant le film hydrolipidique et le pH cutané et enrichis en agents hydratants et émollients. Les formes destinées aux peaux à problèmes contiennent également des antibactériens (triclosan, chlorhexidine) et apaisants (allantoïne, extraits d'aloe vera, réglisse). Les produits destinés à l'hygiène corporelle et des cheveux se présentent, eux aussi, en gel. Les « 2 en 1 » corps / cheveux sont les plus prisés. Ils sont formulés avec des bases lavantes végétales, des apaisants et des antidesséchants.
Les déodorants et les antiperspirants ont toujours bonne presse auprès des hommes dont 70 % les uti- lisent. Les antiperspirants contiennent des sels d'aluminium et de zirconium associés à des antibactériens comme le triclosan ou l'irgasan.
Plus épaisse et plus riche en collagène, la peau masculine vieillit moins vite.
Une peau plus ferme, un vieillissement plus tardif
Cependant une fois le processus de vieillissement enclenché, la perte de fermeté est plus brutale, les rides sont plus nombreuses et plus profondes et le tissus adipeux plus lâche favorise l'affaissement des traits.
L'ensemble de ces données met en lumière la nécessité de faire évoluer les comportements masculins, non seulement en leur apprenant les gestes de prévention (protection solaire, protection antipollution, diminution du tabagisme...) mais aussi en les incitant à utiliser régulièrement des produits cosmétiques adaptés à leurs besoins cutanés.
Le traitement des problèmes spécifiques
Enfin, les problèmes dermatologiques liés aux poils de la barbe relèvent de traitements spécifiques.
Pseudofolliculites
Les pseudofolliculites peuvent être traitées par un gel ou une crème au peroxyde de benzoyle à 5 ou 10 % et parfois par des cures courtes de cyclines per os. Les produits aux AHA (12 ou 15 %) évitent l'incarnation des poils. Enfin, des essais ont été réalisés avec un inhibiteur réversible de l'ornithine décarboxylase (à 13,9 %), l'éflornithine, en applications bi-quotidiennes pendant 16 semaines chez des hommes de race noire ; ils ont donné des résultats encourageants.
Sycosis de la barbe
Le sycosis de la barbe nécessite une antibiothérapie par voie générale (pristinamycine, acide fusidique) et locale (acide fusidique ou auréomycine) ; la présence de Trichophytum rubrum ( à l'examen mycologique) justifie la prescription d'imidazolés en topique.
Papillomes
Les papillomes de la barbe, petites tumeurs cutanées entretenues par le rasage, sont difficiles à éradiquer ; elles sont retirées par électrocoagulation au bistouri électrique ou au laser CO2 ; puis, on a recours à l'application de lotions aux AHA pour éviter les récidives.
Acné
Le traitement de l'acné ne diffère pas en fonction du sexe. Il repose sur des applications locales d'érythromycine, de vitamine A acide, de peroxyde de benzoyle, de nicotinamide, ou d'adapalène, parfois associées à la prescription de cyclines par voie générale.
Érythrocouperose
Les rougeurs de l'érythrocouperose sont améliorées par l'application d'un gel métronidazole et de pulvérisations d'eau thermale ; un résultat à plus long terme peut être obtenu par l'application de crèmes au rétinaldéhyde et au sulfate de dextran ; l'electrocoagulation au bistouri électrique ou au laser à colorant pulsé fait également partie du traitement.
« Souvent homme varie »
Le marché des cosmétiques pour homme progresse rapidement, même s'il reste très modeste (5 % du marché). Tout naturellement, ce sont les jeunes (20-35 ans) qui donnent l'impulsion, leurs aînés étant plus difficiles à convaincre ; ils parlent des soins cosmétiques sans complexe et font des choix personnels.
Attentifs à cette évolution de mentalité, les industriels ont cherché à cerner les comportements de l'homme moderne : celui-ci semble prêt à utiliser plusieurs produits de soins, mais pas à allonger le rituel de la toilette, ni à plonger les doigts dans un pot de crème ; il privilégie la simplicité du geste, l'efficacité (rapide), la fraîcheur des textures, la fonctionnalité des packagings ; enfin, il choisit plus volontiers un gel dans un tube ou un flacon à pompe.
Les produits de rasage constituent leur préoccupation principale ; il faut souligner que l'homme passe près de 6 mois de sa vie à se raser. Soixante pour cent d'entre eux le font au rasoir électrique ; la grande majorité utilise une mousse ou un gel, quelques-uns une huile de rasage et une minorité le blaireau et un savon à barbe.
Le choix d'un produit aprèsrasage apaisant et hydratant tend à supplanter celui d'un produit alcoolisé. À noter que le rasage électrique n'exclut pas l'utilisation d'un produit après-rasage.
Le recours à des soins spécifiques n'est pas encore véritablement passé dans les mœurs masculines, en dehors des traitements pour les peaux à problèmes ou éventuellement pour la couperose. Les produits antirides débutent leur carrière au rayon homme ; ceux réservés au contour des yeux ne remportent pas encore le même succès que chez les femmes. Par ailleurs, grâce à de réels efforts de la part des industriels pour trouver des textures et des présentations adaptées aux hommes, les pro- duits solaires sont aujourd'hui davantage utilisés qu'autrefois par les messieurs.
En matière de produits d'hygiène, les hommes préfèrent les formules gel « 2 en 1 » pour le corps et les cheveux ; et ils sont toujours de bons adeptes des déodorants ou des antiperspirants qu'ils choisissent sous forme « roll-on », en stick ou en gel.
Enfin, ils sont prêts à bien des efforts et des dépenses pour combattre la chute des cheveux.
source: cibac mag