Un escargot marin venimeux au service de l’homme

Chaque venin est en effet un cocktail unique de plusieurs centaines de composés différents qui ont chacun une activité biologique donnée et qui peuvent être un formidable réservoir pour les chercheurs. Les ressources du monde venimeux, en particulier marin, restent encore assez méconnues et sous-exploitées alors que la biodiversité de nos océans offre de fantastiques possibilités pour le traitement d’un grand nombre de maladies humaines. C’est dans le but de bénéficier de ce fabuleux héritage naturel que le projet européen CONCO a été initié.

Il est consacré à la découverte et au développement de produits pharmaceutiques à partir de l’étude d’escargots marins venimeux appelés cônes et plus particulièrement de l’espèce Conus consors qui fait partie de la famille des Conidae. Ces gastéropodes venimeux se nourrissent de vers, de mollusques ou de poissons et ont développé au fil de l’évolution un appareil venimeux très sophistiqué. Ils utilisent un harpon ciselé pour injecter un puissant venin à leur proie qui, en une fraction de seconde, est immobilisée, tuée puis engloutie. Leur venin est si efficace que quelques victimes humaines ont même été dénombrées.

Tout au long des cinq années du projet CONCO, des missions de collecte de cônes seront organisées en Nouvelle Calédonie et en Polynésie Française. Les partenaires de CONCO étant soucieux du développement durable, ces expéditions seront réalisées avec un grand respect pour l’environnement et en partenariat avec les autorités locales.

Les spécimens collectés seront tout d’abord utilisés pour les études protéomiques qui visent à caractériser toutes les protéines présentes dans le venin des cônes ainsi que leur activité biologique. Cette étape devrait donner lieu à la découverte de nombreuses nouvelles substances qui conduiront peutêtre aux médicaments de demain. Un composé phare issu du venin du Conus consors, le XEP-018, a déjà été identifié et devrait être développé comme anti-douleur ou anesthésique. D’autres spécimens de cônes seront utilisés pour effectuer le séquençage complet du génome du Conus consors qui promet d’être aussi complexe que le génome humain. C’est la première fois que le génome d’un animal marin venimeux sera élucidé et cet énorme travail sera effectué par le célèbre institut américain, le « Craig Venter Institute », qui fût précisément le premier à séquencer le génome humain. Cette carte génomique associée aux études sur la biodiversité des cônes apportera un éclairage nouveau sur l’évolution de la fonction venimeuse en fonction des saisons, des espèces, de l’habitat ou de l’âge de l’animal. Cela permettra d’accéder à un grand nombre de molécules dont l’expression dépend de ces précédents paramètres.

  • Publié: 07/04/2012 14:57
  • Par Mark Andris
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