L’étude dirigée par Martin Kast, de l’université de Californie du Sud (USC), a été menée sur un modèle murin de la pathologie (souris TRAMP) : le vaccin a été inoculé en deux fois, selon la stratégie dite « prime-boost », d’abord sous forme d’ADN (prime), puis sous la forme d’un vecteur viral codant la protéine PSCA(boost) (2). Après un an, 90 % des souris vaccinées ont survécu, alors que dans le groupe contrôle, la totalité des individus a succombé des suites d’un cancer invasif de la prostate ou présentait des tumeurs importantes.
De surcroît, les cancers observés chez les souris vaccinées étaient infiltrés par des macrophages et des lymphocytes, une caractéristique absente chez les souris contrôle.
Dans l’ensemble, ces résultats suggèrent que l’activation d’une réponse immunitaire contre la PSCA suffirait pour protéger efficacement contre le cancer de la prostate. Pour toute application chez l’homme, il reste cependant à déterminer si la vaccination ne déclenche pas de réponse auto-immune : la PSCA est en effet normalement exprimée à faible niveau dans certains tissus, dans la prostate mais également dans la vessie, le côlon, les reins et l’estomac. Lors d’un cancer de la prostate, la protéine y est surexprimée, ce qui en fait une cible thérapeutique potentielle : il est à redouter cependant que la vaccination active une réponse immunitaire de l’hôte contre lui-même, et ce malgré les faibles niveaux d’expression dans les tissus sains. Dans l’étude de Martin Kast, cette possibilité a pu être écartée, car les signes d’une inflammation ou la présence d’anticorps traduisant une réponse auto-immune n’ont pas été détectés.
Une fois appliquée à l’homme, la vaccination constituerait une nouvelle option thérapeutique à mettre en oeuvre dès les stades précoces du cancer de la prostate, alors que les stratégies actuelles ne prévoient pas d’intervention avant un stade évolué, mais uniquement une surveillance.