Les résultats d’une étude de preuve de concept ont démontré que les médicaments comme le tadalafil (Cialis, Eli Lilly) et le sildénafil (Viagra, Pfizer) qui inhibent la phosphodiestérase de type 5 (PDE5) sont susceptibles d’être un traitement prometteur pour les garçons atteints de la myopathie de Duchenne (DMD).
La sympatholyse fonctionnelle, un mécanisme protecteur qui ajuste l’apport en oxygène selon la demande métabolique, est insuffisante chez les patients atteints de DMD, entraînant une ischémie fonctionnelle des muscles malgré la prise de corticostéroïdes et/ou une thérapie cardioprotectrice. Les chercheurs rapportent que le tadalafil permet de soulager l’ischémie de façon dose-dépendante.
Les auteurs, sous la direction de Dr. Michael D. Nelson, du Heart Institute du centre médical Cedars-Sinai à Los Angeles en Californie, concluent que le sildénafil, un autre inhibiteur de la PDE5, a pour mécanisme d’action de fortement soutenir l’inhibition de la PDE5, ce qui reproduit les effets du tadalafil.
Les auteurs écrivent que Les nouvelles données supportent des recherches précliniques convaincantes prenant comme modèles des souris et malgré quelques restrictions, ont permis d’élaborer le concept essentiel d’essais cliniques dans plusieurs centres afin de déterminer si la prise quotidienne chronique de tadalafil permet de préserver la fonction musculaire chez les garçons atteints de DMD.
Leur étude a été publiée en ligne le 7 mai dans Neurology.
Nouvelle Cible Médicamenteuse
La voie de l’oxyde nitrique (NO) guanosine 3',5'-monophosphate cyclique (cGMP) constitue une nouvelle cible médicamenteuse pour la DMD. Un nombre important de recherches précliniques montrent que les inhibiteurs de la PDE5, qui prolongent la demi-vie de la cGMP – la cible de NO dans les muscles lisses vasculaires – a une action bénéfique sur les muscles des membres, muscles de la respiration et muscles cardiaques chez les souris utilisées comme modèles.
La nouvelle étude humaine a impliqué 10 garçons hospitalisés âgés de 8 à 13 ans ayant une fraction d’éjection ventriculaire gauche normale et 10 garçons contrôles ayant des âge, masse corporelle, pression sanguine et fraction d’éjection ventriculaire gauche similaires. Tous les garçons atteints de DMD ont reçu une thérapie à base de glucocorticoïdes, 5 d’entre eux ont également reçu une médication cardiaque prophylactique.
Pour la partie contrôle de l’étude, les chercheurs ont mesuré la circulation sanguine de l’artère brachiale des muscles squelettiques de tous les participants au repos et faisant des exercices de préhension. Les tests ont montré que la circulation sanguine des garçons atteints de DMD était insuffisante même dans le cas de la prise de stéroïdes.
L’insuffisance de la sympatholyse chez les patients actuels atteints de DMD confirme et soutient les observations précédentes que nous avions réalisées il y a plus d’une décennie avant que les patients atteints de DMD ne soient traités par de quelconque médicaments,
font remarquer les auteurs.
Dans une autre partie de l’étude, les garçons atteints de DMD (et non pas les contrôles sains) ont reçu une dose unique de sildénafil ou de tadalafil selon un plan d’essais croisés avec une période de 2 semaines entre les deux traitements. L’ordre de prise des médicaments était aléatoire. Les participants ont reçu par voie orale 0,5 mg/kg (au maximum 20 mg) d’un des deux médicaments le premier jour, suivi de 1,0 mg/kg (au maximum 40 mg) du deuxième médicament le deuxième jour.
Cette analyse a mis en évidence que le tadalafil permet de restaurer la sympatholyse fonctionnelle chez les patients atteints de DMD. La découverte déterminante de cette étude est que le tadalafil permet d’améliorer la sympatholyse chez les garçons atteints de DMD, apportant un bénéfice putatif supplémentaire au-delà de ce que les traitements standards actuels peuvent offrir,
écrit l’auteur. L’effet est marqué, immédiat et dose-dépendant.
Le tadalafil permet également de normaliser l’hyperhémie provoquée par l’exercice qui était visiblement brusque chez les garçons atteints de DMD.
D’après l’analyse pharmacocinétique de 9 des garçons atteints de DMD, les chercheurs ont déterminé que le sildénafil, le principal inhibiteur de la PDE5 utilisé dans les études précliniques, avait une capacité à restaurer la sympatholyse similaire à celle du tadalafil.
Les auteurs écrivent qu’étant donné que ces 2 médicaments ont des structures chimiques différentes, cela implique fortement
que l’inhibition de la PDE5 est le mécanisme d’action.
Les auteurs ajoutent qu’en raison du fait que la PDE5 est une phosphodiestérase spécifique de la cGMP, nos données supportent l’hypothèse que l’inhibition de la PDE5 permet de stimuler le signal résiduel NO-cGMP résultant du NO synthase neuronal cytosolique, qui en l’absence de dystrophine n’est pas placé dans le sarcolème.
Les deux doses de chaque inhibiteur de la PDE5 ont entraîné une rougeur faciale. Deux cas d’érection prolongée ont été relevés.
Les auteurs font remarquer que l’étude n’a pas répondu à la question cruciale
de savoir si le rétablissement d’une régulation de la circulation sanguine normale permettrait de préserver les muscles squelettiques dystrophiques et de ralentir la progression de la maladie.